Santa Espina
À la médiathèque où j'attendais mes puces, j'ai pris un livre de poésies, d'Aragon : Le Crève Cœur. Et parmi les poèmes, un a retenu mon attention, intitulé " Santa Espina". Le recueil a été publié vers 1945, 1946. J'en écris un extrait :
Je me souviens d'un air qu'on ne pouvait entendre
Sans que le cœur battît et le sang fût en feu
Sans que le feu reprît comme un cœur sous la cendre
Et l'on savait enfin pourquoi le ciel est bleu
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Je cherche vainement ses phrases déchirantes
Mais la terre n'a plus que des pleurs d'opéra
Il manque au souvenir de ses eaux murmurantes
L'appel de source en source au soir des ténoras
Ô Sainte Épine, Ô Sainte Épine recommence
On t'ecoutait debout jadis t'en souviens tu
Qui saurait aujourd'hui rénover ta romance
Rendre la voix aux bois chanteurs qui se sont tus
Je veux croire qu'il est encore des musiques
Au cœur mystérieux du pays que voilà
Les muets parleront et les paralytiques
Marcheront un beau jour au son de la cobla
Et l'on verra tomber du front du Fils de l'Homme
La couronne de sang symbole du malheur
Et l'Homme chantera tout haut cette fois comme
Si la vie était belle et l'aubépine en fleurs.