Fin de Printemps

Le temps est au diapason du cœur des hommes: gris, triste, frais, pluvieux.

 Il pleut dans nos âmes, on voit gris dans l'avenir. L'été arrive et pas la joie. Ce n'est pas normal, on devrait penser soleil, plaisir, vacances, ciel bleu et mer azur, montagnes verdoyantes et vaches et moutons...

 Mais ce n'est pas le cas. Il pèse sur la France une chape de plomb, les pères et les mères se demandant comment ils vont offrir des vacances à leurs enfants, les hôteliers se demandant s'ils feront le plein de leurs hôtels, les restaurateurs aussi. Le secteur du tourisme a du souci à se faire! Et oui, pendant longtemps, " on" a basé une grande partie de notre économie sur le secteur tertiaire avec le tourisme en tête de gondole. Ainsi une partie du sud de la France a été sacrifiée à ce dieu, et voilà que maintenant, ce dieu répond aux abonnés absents. Dans notre Midi sinistré, le début de la débâcle arrive.

 Cependant, dormons tranquilles, le gouvernement veille sur nous. Il veille tellement sur nous qu'il veut interdire les manifestations. Oui, ce n'est pas Bachar El Assad, cet horrible dictateur qui dicte cela, mais notre bon gouvernement qui pense préserver sa population en la muselant, en lui mettant des fers aux pieds, en l'injuriant en l'empêchant de protester. Mais nous ne sommes pas dans un régime de dictature, ça c'est bon pour les autres, non, non, nous qui gouvernons voulons seulement vous préserver de vous même! Alors nous décidons, de notre propre chef, d' INTERDIRE les manifestations.

 Oui, il fait gris sur la France, gris du temps, gris des Loups qui nous dévorent, gris des Libertés qui ne résistent pas aux frontons des écoles et des mairies, gris de l'espoir de vivre dans un monde équitable et meilleur, gris de vivre dans un pays soit disant démocratique et qui tend dangereusement vers une dictature bourgeoise et fascisante.

 Et encore, moi, je sais pourquoi je suis triste, j'ai les moyens de l'analyser; mais celui qui ne sait pas pourquoi il est triste, qui gobe tout ce qu'on déverse à la télé et la radio; il n'a aucune porte qui s'ouvre devant lui, il est coincé dans sa cage comme le rat de Laborit, et alors au bout d'un certain temps, il se flanque une colite, un eczéma, un cancer, ou un infarctus; ou bien, il "pète les plombs" et devient "casseur" , il casse sa cage qui l'étouffe, qui est trop grise; mais il ne résout rien.

 Pour éviter le cancer ou l'infarctus, il faut l'action, mais pas n'importe laquelle, l'Action réfléchie, analysée, construite, anticipée, l'action avec les autres et pas le renfermement solitaire, et cette action pour moi s'appelle Révolution.

 Et au temps des cerises, cette perspective serait un coin de ciel bleu qui s'entrouvrirait.

 Dans cette digression que je viens de faire, je ne peux m'empêcher de penser à ce magnifique film de Resnais " Mon Oncle d' Amérique", inspiré des recherches du professeur Laborit sur les comportements humains. Film à voir, à revoir, à re revoir, à revoir encore.