La chimio, les bruits, la nuit....

Au centre anti cancéreux de jour: il est allongé sur une chaise-longue-lit, avec une machine-boîte carrée qui rythme les perfusions. Elle fait un bruit monocorde lancinant, c'est une mauvaise berceuse. Il somnole la plupart du temps. Une esthéticienne est venue lui proposer ses services, et elle lui a fait une manucurie. Le personnel est attentionné, souriant, prévenant. Constatation, dans les centres anti-cancer les intervenants sont à l'écoute du malade et sont formés pour répondre de façon positive et agréable aux interrogations, doutes et peurs de ces patients lourdement atteints. Ça change d'autres lieux!  Assise sur une chaise à côté de lui, je lis ou j'écris. Il faut que le temps passe.

La Nuit.

 Couchés côte à côte, comme une pendule qui rythme les heures, j'entends sa poitrine siffler, le hoquet qui dure des heures, ses pieds qu'il frictionne l'un contre l'autre, inexorablement.

 La pendule égraine les heures. Le lit qui normalement apparaît comme un havre de paix, peut se révéler comme un cauchemar.

 Il me fait prendre du " tranquital" à base de valériane et d'aubépine, pour calmer mes angoisses.

 Les Parisiens sont partis hier. Le " foutoir", les bruits, les voix se sont envolés avec eux. Ça fait du vide, et en même temps, ça m'est à la fois lourd d'assumer les repas, je vois que je n'ai plus le tonus d'avant, Avant...! Et en même temps la joie de les voir, de les entendre, de les regarder bouger. 

Hier, le docteur R. , cardiologue, habitant dans notre hameau, à sa demande , est passé le voir et l'ausculter. Conclusion: épanchement pleural. Et une couche de plus.... On encaisse encore une fois. Mais jusqu'où ça va aller?