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Marianne-Madelon
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10 octobre 2015

Promenade à l'orée des Corbières

Nous sommes allés sur le cru Maury, là où nous avons une vigne et des oliviers.

Il voulait voir "ses" oliviers et " où en sont les olives"? Moi j'ai , pendant ce temps, ramassé des amandes, en faisant bien attention de ne pas perdre l'équilibre sur ce terrain schisteux , en pente, et chose assez rare, sans vent. 

Bref un temps idéal, avec un ciel bleu, léger, presque transparent, sans un nuage, un soleil brillant d'automne, ni trop chaud ni trop froid, qui rend l'âme légère. Des petits oiseaux chantent, se croyant peut-être au Printemps, dans ce calme et cette sérénité. Les montagnes alentours se dressent comme un rempart, avec le château de Quéribus en filigrane et sur les pentes douces du piemont, la vigne. La vigne qui prend ses couleurs automnales, les verts qui virent aux jaunes, puis aux rouges cramoisis. Nous avons longé celles-ci par une petite route qui serpente, et malgré la beauté de cet environnement, je n'ai pu que faire la remarque , triste, affligeante, d'un certain nombre de vignes à l'abandon, pas travaillées, en jachères.

Et oui, les vieux partent, les jeunes n'ont pas d'argent pour racheter, et même s'ils rachètent, il faut vendre le vin ensuite, et ce n'est pas évident! J'en ai un exemple crucial autour de moi. Alors les vignes deviennent friches.

Et là je m'emballe. Ma pensée trotte, court et je ne peux m'empêcher de constater : des friches agricoles, chez nous il y en a ! Mais il y a aussi les friches industrielles, toutes des grosses entreprises, détruites ou délocalisées, qui défigurent le paysage. Et les jeunes vignerons qui ne peuvent reprendre l'héritage de leurs pères, eh bien ils ne sont pas seuls non plus, ils sont légion ceux qui ne peuvent plus vivre de leur travail. Et je pense aux éleveurs de porcs, de vaches, pour la viande et le lait, aux petits agriculteurs qui ne font pas le poids face à la concurrence , et de fil en aiguille, défilent dans ma mémoire tous les mécontents de ces derniers temps : bien sûr les salariés d'Air France, qu'on va jeter comme " des vieux chiffons" , les chercheurs et employés de laboratoires pharmaceutiques, mais aussi les cheminots, les enseignants, les taxis, les pharmaciens, les buralistes, les médecins, les infirmières, les kinésithérapeutes, sans parler de ceux qui n'existent plus, Good Year, Alstom, Areva, Continental, la sidérurgie avec Florange en Lorraine...

Bref la liste est longue, longue.

Et voilà que ces pensées me gâchent le plaisir simple, naïf, de l'admiration de la nature. Mais comment faire une dichotomie entre l'environnement et l'état dans lequel on vit ? C'est une symbiose, je ne peux mettre d'un côté la nature, et de l'autre la vie, la mienne et celle des milliers d'autres.

Et ces pensées détruisent l'état de grâce dans lequel j'ai évolué  pendant 2 heures! 

Mais que les Corbières sont belles ! 

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