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Marianne-Madelon
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15 février 2018

Merci à Jean Patrick

 Le livre «  Sapiens » d’ Yuval Noah Harari m’a plu, m’a fait réfléchir, me pose quand même question. Certaines de ses affirmations ne me convainquent pas, mais une m’intrigue, c’est sa notion « d’ordre imaginaire ».

À travers les éléments de connaissance qu’ Harari a de l’histoire, et à travers sa perception de l’Évolutionde de l’Humain, il émet une conception singulière de l’Histoire d’Homo Sapiens.

 Sa logique part d’un postulat : « nous vivons dans un ordre imaginaire que nous avons créé. »

 Pour Harari «  les ordres imaginaires » ne sont que «  des mythes partagés par un ensemble d’individus » ...tel «  l’Empire Babylonien, la Dynastie des Qin, l’Empire romain, les Droits de l’Homme » ...Il se pose la question «  comment des mythes peuvent-ils soutenir des empires entiers ? » Il continue en écrivant: « il n’y a aucune chance que la loi de la gravitation cesse d’operer demain, même si les gens cessent d’y croire. En revanche un ordre imaginaire court toujours le danger de s’effondrer parcequ’il déprend de mythes et que les mythes se dissipent dès que les gens cessent d’y croire. »

 Oui, mais il ne fait pas avancer le schmilblick. C’est sûr que si on ne croit plus à la loi de la gravitation, ça n’empêchera pas la terre de tourner et la gravitation d’exister, mais si Homo Sapiens avec sa conscience n’existe plus, il n’y aura personne pour en parler et donc savoir que ça existe. Je le cite: « un phénomène objectif existe indépendamment  de la conscience et des croyances humaines, ex: la radioactivité. »  Oui, c’est vrai, mais ce n’est pas indépendant de la conscience, car s’il n’y a pas de conscience, il n’y a personne pour savoir que ça existe, et ça fera une belle jambe à la nature de savoir que la radioactivité existe, et qu’elle en porte des traces!

Il poursuit :« Les constructions imaginaires soutenant l’ordre social devinrent au fil des siècles plus élaborées. Mythes et fictions habituèrent les gens à penser de certaines façons...ils créèrent des instincts artificiels qu’on appelle Culture...la capacité de créer une réalité imaginaire à partir de mots a permis de créer les mythes. » Il me met mal à l’aise quand il parle de créer des instincts artificiels. Un instinct ne se crée pas, il est dans la fonction biologique de l’homme. Mais la culture peut- être bien considérée comme produit  artificiel de l’homme. Donc ces mythes, donc ces Ordres Imaginaires naissent, vivent, et meurent en fonction d’une société lambda, contrainte par les lois de la nature à la survie, et donc à une lutte entre cette nature et les hommes, lesquels en devenant sédentaires, en s’appropriant la terre,ont créé les hierarchies sociales qui ont engendré des classes. Ex: les chefs des grands empires et leurs vassaux, les hommes libres et les esclaves, les seigneurs et les serfs, les bourgeois et le peuple, les patrons de l’industrie et les ouvriers, les oligarques de la cybernétique et le tout- venant qui utilise Internet.

 Et cette lutte des classes n’est pas imaginaire contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire. Elle est au sein de toute la société, et même à des échelons de décision très importants. C’est vrai que l’individualisme de notre société occidentale contemporaine pourrait nous le faire oublier, mais le Burn-Out, mot à la mode, pour désigner « un pétage de plomb » de certains individus, qui survient sur pas mal d’individus, nous prouve que ce mode de société, où l’on se croit seul, puissant parcequ’on nous lache des responsabilités , parcequ’on nous fait croire que nous sommes indispensables à l’entreprise, parcequ’on nous dit que nous sommes de bons gestionnaires du management, créé des pathologies qui ne sont pas imaginaires.

Notre XXI ème siècle devra se tourner vers une prise de conscience collective du vivre ensemble sur notre planète, ou ne sera pas. Ordre imaginaire ou pas, c’est la survie de l’espèce qui est en jeu.

Pour revenir à Harari, si on part de son postulat:« nous vivons dans un ordre imaginaire que nous avons créé » on peut dire oui, mais une fois cette constatation, on fait quoi ?

Le temps que l’Homme- Individu passe sur terre est compté  pour presque rien sur l’echelle du temps( échelle du temps, création de l’homme) et pourtant ce temps réel de l’homme qui vit en moyenne 70 ans, n’a-t-il pas des contingences, des raisonnances, n’est-il pas pris dans la lutte pour la survie? Les riches pour garder leur bien, les pauvres pour sortir de la misère. Et ça c’est bien du réel, c’est pas de l’imaginaire. Tout les jours l’Individu se confronte à la réalité de la vie: comment va-t-il survivre? Ses actions n’ont que ce but. Ce but est réel.

Le concept de Harari « les Ordres Imaginaires »est en fait un système de valeurs. Il est un des aspects du reflet psychique de la conscience, laquelle conscience n’est vivante que parce que l’Homme est vivant. Le corps et la conscience ne font qu’UN, c’est l’Individu-Vivant , c’est ce que Claude-Émile appelle « l’Etre psychosomatique »,on ne peut séparer l’un de l’autre.

 Alors vouloir tout baser sur les Ordres Imaginaires est pour moi réducteur. 

Dans tous les cas, merci JP , pour m’avoir prêté ce livre qui ne m’a pas du tout laissée indifférente.

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Commentaires
S
Sous titre du livre: "la vie, les sentiments, la fabrique de la culture"<br /> <br /> En quatrième de couverture on peut lire:<br /> <br /> "Conjuguant dans une démarche pionnière, les acquis des sciences de la vie et l'apport des sciences humaines, Antonio Damasio montre que le vivant porte en lui une force irrépressible, l'homéostasie, qui oeuvre à la continuation de la vie et en régule toutes les manifestations, quelles soient biologiques, psychologiques et même sociales."<br /> <br /> Bises et en avant avec la curiosité précieuse défense (imparfaite mais réelle) contre l'enlisement dans "les marécages de la mélancolie"...
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S
Bonjour Simone (où que tu sois?)<br /> <br /> je ne me manifeste pas pour ne pas raviver ta lourde peine par trop de souvenirs et de liens avec Claude , l'homme de ta vie et mon ami des origines. Pour le moment je ne serais pas encore à même de m'exprimer de manière suffisamment apaisante, la résignation n'étant pas l'acceptation...<br /> <br /> Je continue, par delà son absence, nos conversations sous les pommiers ou sous la pendule ancestrale... je poursuis les recherches qui nous passionnaient, chacun avec sa clef, entre vifs débats contradictoires (sa défiance envers mon attachement à la phénoménologie par exemple) je continue ... A propos de ton dernier écrit sur le blog je me décide à t'écrire pour te conseiller la lecture du derrnier livre de A. Damasio "L'ordre étrange des choses". <br /> <br /> Cet homme aurait pû être avec nous sous les pommiers! Il est professeur de neurosciences, de neurologie,de psychologie, de philosophie, Bref peu importent les "titres", il est surtout un penseur transversal, un penseur en transdisciplinarité, ce qui est sans doute la nécessité actuellement la plus pressante à tous points de vue.<br /> <br /> Si tu ne peux pas te procurer ce livre je te le prêterai cet été.Pour l'instant je travaille sur ce texte généreux (mais qui nécessite une attention soutenue) afin d'en partager la "substantifique moëlle" avec Philippe et les quelques rares interlocuteurs qui ne traitent pas la question de l'être comme obsolète ou déjà résolue!<br /> <br /> Je ne sais pas quand nous nous reverrons mais saches bien que nous pensons souvent à toi, la formule est devenue banale mais tu sauras lui restituer son sens premier par le souvenir de tous nos partages. Una tendra i gran abraçada dels syphil de sempre.
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Marianne-Madelon
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